La réunion en bref
La rencontre consacrée aux enjeux économiques de la gestion des matières et déchets a réuni une centaine de personnes. Elle a donné lieu à des débats approfondis permettant à des opinions contradictoires de s'exprimer, dans un climat d'écoute mutuelle souligné par beaucoup de participants en fin de réunion.
Un exposé initial de la rapporteure du récent rapport de la Cour des Comptes sur l'économie de « l'aval du cycle » (c'est à dire les matières et déchets après sortie des réacteurs) a présenté les principales recommandations du rapport. Ont été soulignées les liaisons entre politique nucléaire (traduite notamment dans la PPE) et PNGMDR, l'importance du classement en matières (valorisables) et déchets (non valorisables), le besoin d'affiner les prévisions de capacité et de coût de Cigéo, et de travailler sur des scénarios prospectifs solides.
Deux présentations de la DGEC et de Global Chance sur l'économie générale du cycle ont donné lieu à un débat sur l'intérêt, ou non, du recyclage sous la forme actuelle (monorecyclage) ou envisageable (multirecyclage, notamment par réacteurs à neutrons rapides). Le besoin d'études économiques à jour, reposant sur des données fiables, a été souligné, notamment à la suite d'une question sur ce point posée par une journaliste : la dernière étude complète disponible est en effet celle du rapport « Charpin-Pelat-Dessus » de 2000. Les besoins de recherche liés à la poursuite de l'objectif de multirecyclage, dans le contexte des annonces concernant l'arrêt ou le report lointain du projet ASTRID, ont été évoqués notamment dans des échanges entre les représentants du CEA et le public. Les chiffrages d'économie de matière première (uranium) et d'incidences sur les volumes de stockage de déchets ultimes, dans les diverses hypothèses de cycle ouvert, de monorecyclage ou de multirecyclage ont fait l'objet, comme souvent, d'échanges parfois complexes et contradictoires. La CPDP a rappelé que la synthèse de la démarche de clarification des controverses, validée par toutes les parties en présence, faisait un point complet sur ces questions : le seul point réellement controversé sur ces évaluations quantitatives est celui du gain en volume de stockage apporté par le monorecyclage (cf. https://pngmdr.debatpublic.fr/approfondir/clarification-des-controverses-techniques, note de synthèse, p 10).
Une partie importante du débat, initiée par la question des provisions que les exploitants doivent constituer pour couvrir les charges futures, a porté sur l'importance économique du classement entre matières et déchets : le montant des provisions à constituer obligatoirement par les exploitants porte sur le coût actualisé du stockage futur des seuls « déchets ». Une présentation de Greenpeace, résumant un rapport publié le même jour, conduisait en effet à estimer que le coût futur de gestion des déchets, correctement requalifiés, devrait être réévalué d'environ 18 Milliards d'euros, en prenant en compte l'absence de possibilité réelle de valorisation de substances actuellement classées en « matière », leur coût d'entreposage puis de stockage et l'augmentation du coût prévisionnel de Cigéo correspondant. EDF a contesté ces évaluations, en indiquant qu'une partie des substances en cause, bien que classées en « matières », faisaient déjà l'objet de provisions constituées. EDF et Greenpeace ont été invités par la CPDP à préciser chacun leurs argumentations chiffrées, pour les porter à la connaissance du public.
La dernière partie du débat a porté sur le coût de Cigéo. Le représentant de FNE, après avoir pris la défense des manifestants inquiétés autour de Bure, a souligné que pour lui le seul chiffrage en euros ne traduisait pas la réalité du coût social du projet pour la population, et la représentante de l'ANDRA a indiqué les démarches suivies pour ajuster dans le temps les évaluations d'un tel projet hors norme.
Les présentations des intervenants
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